Le rendez-vous de trois heures

Elle est régulière, précise, mon rendez-vous de trois heures. Elle vient sans bruit, à peine un froissement. Sans que le chien dehors ne bronche, les chats même ne s’en émeuvent pas. La porte n’est pas fermée, elle suit le couloir dans la pénombre.

Quelque part dans l’inconscient son pas leste dérange un rêve, l’habite fugitivement peut-être, me la fait pressentir, à la limite du conscient. Ça n’est que lorsqu’elle s’assied au bord du lit, en prenant garde de ne pas trop empiéter, que je tressaille légèrement pour m’éveiller. Le chevet est déjà allumé.

Alors un peu bêtement je lui dis «Tu es là?» Elle ne répond rien, acquiesce doucement de la tête en me souriant de ses beaux yeux verts. Parfois je lui prends la main. Puis nous restons ainsi à murmurer, chuchoter, j’aime beaucoup son chuchotement, une heure peut-être. Nous parlons de moi, de mon coeur, de la vie ici, de mes envies parfois. Elle m’écoute avec beaucoup d’attention, me scrute, paraît inquiète par moments, empathique à d’autres, parfois même j’arrive à la faire rire. Puis au moment qu’elle décide, elle me presse la main avant de disparaître, sans jamais qu’elle ne se retourne, mais je sais qu’elle me sourit encore à l’amorce de son chemin dans la nuit.

J’arrange mes oreillers, je tire la couverture, j’éteins la lumière, je ferme les paupières, et je lui souris à mon tour.

Est-ce qu’elle te rend visite aussi, ta douleur?

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