Le cours de la rivière.

A ma plus grande surprise, car ma conscience rationaliste ne veut toujours pas l’admettre, le cours des événements s’est imposé à moi.

Une foi en son milieu, son courant m’a emporté à vive allure, et de plus en plus vite. Les berges défilaient. Parfois, j’avais ramé à contre-courant, et en vain. A un instant donné, j’avais senti sa direction, sensible. Et là, je filais à pleine allure, sans effort, sans crainte, ignorant tout de ma destination, mais ressentant juste l’harmonie, la sérénité, la sécurité d’un destin qui me souriait. Et dieu sait que je n’aime pas ce terme de destin tant je veux être maître et responsable de mes actes. Calculées avec une précision inouïe, les trajectoires se croisaient. Tant que le sourire, invisible mais sensible, m’accompagnait, je savais que je suivais au plus près la juste route.

Après une immobilité qui m’avait paru sans fin, mon univers se mettait en mouvement comme si tout ce temps avait servi à la préparation silencieuse et cachée d’un mouvement touchant à la perfection, un mouvement comme une caresse.

Et toute angoisse, et toute peur, s’étaient soudain dissipées.

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