Une vie sans dimanches

Au large une tornade, puissante, menaçante. Tout n’est plus que de gris bleuté. La chaleur humide, l’air figé. Les passants se sont arrêtés sur la corniche, silhouettes miniatures, figurines jouets, face à ce qui ne se maîtrise pas.

Les premières gouttes, lourdes et tièdes, tombent nonchalamment. En arrière de la scène je roule, je glisse, sans heurt, je passe sans être mouillé. Je rentre, dans cette maison, sous ce toit, où tout me semble étrange, étranger, estompé. Un lieu d’emprunt, un abri de passage, un chez-moi que je ne reconnais pas.

Tout-à-l’heure il y a eu des visages, toujours bienveillants, des discussions, des tables. J’ai fait semblant d’écouter, comme jadis en cours de mathématiques,  j’ai répondu, des chose qui ont parues sensées, tout en m’étonnant de cette part d’esprit capable de fonctionner assez bien alors même que je suis absent

Parce que je ne suis ni là ni ici, ni dans l’instant ni projeté. Dans un entre-deux plutôt, une transition sans limite de temps, un ascenseur arrêté entre deux étages, un lieu nécessaire et douloureux que je sais indispensable. Tant il faut à tout prix attendre, écouter, au comble de mon acuité, au plus de ma perception, quitte à en avoir mal, quitte à ne plus pouvoir fermer les yeux, quitte à ne pas trouver de repos. Tant je sais, tant je n’oublie pas malgré la brûlure, cette magie, bien réelle, cette flamme ces étincelles, qui surgissent souvent ces temps, et qui sont là chaque fois qu’on murmure leur nom. Qu’il faut protéger, des blessures, de la pluie, de l’usure. Infiniment précieuses.

Mon trésor.

I live deep in symmetry
In my anonymity
Je t’adore, ma vie très difficile

CARO EMERALD – PARIS

Laisser un commentaire