Les mots.

Il y a tant de mots… Il y a des mots qu’on ne dira jamais, dangereux ou trop vrais. Des mots clandestins, échangés hâtivement, un soir, des mots sans nom, qui pèsent lourd sur des vies.

Des mots durs, tranchants, qui blessent ou tuent. De ces mots qui font mal, foudroient comme un éclair dans un ciel sans nuages, médusent, anéantissent. Des mots qui laissent tremblant, désemparé, qu’on voudrait oublier, effacer, mais qui restent gravés. Il y a des mots qu’on hurle dans la nuit, des mots solitaires, baignés de larmes, mots tremblants comme la flamme d’une chandelle qui vacille et finalement s’éteint. Des mots qu’on lâche, coléreux, irréfléchis, haineux, et puis qu’on voudrait reprendre, rattraper, ravaler… Trop tard.

Il y a des mots aussi, qui ont perdu toute saveur, ne disent plus rien que la solitude, l’abandon, une routine mille fois répétée. Des mots qui ramènent à eux-même et qu’on n’écoute même plus. Des mots qui s’échappent, s’envolent, et qu’on oublie, comme une musique fugace en bruit de fond. Des mots qui étouffent, ne laissent aucun répit, reviennent et reviennent encore, des mots dont on s’échappe. Et puis ces mots qui mentent, mais qu’on voulait tant entendre, et qu’on réécoute, sachant, sachant parfaitement… Des mots froids, des mots lisses qu’on ne pénètre jamais et qui sont comme l’escale d’un coeur frisonant ; juste un port.

Dire que pour tout changer il suffit parfois d’un seul mot, d’un mot que l’on ignore encore.

Et puis il y a ces mots ensoleillés. Ce sont des mots précieux qu’il faut garder, que l’on murmure pour ne pas effrayer, parcequ’ils sont fragiles, et résument l’humanité, une vie, un sentiment. Des mots rares comme l’eau du désert, mots colorés, mots dorés, mots adorés. Des mots qu’on presse contre soi, que l’on conserve dans son coeur, des mots qui réchauffent et font tomber toutes les armures, des mots qui libèrent, comme une caresse sur la joue, des mots qui réconcilient. Trois mots qu’on n’oses pas, qui nous contiennent tout entier, sont comme un aveu de faiblesse, la seule chose sensée que l’on ait à dire, mais que l’on pense si fort qu’ils doivent bien se lire dans nos regard. Ce sont des mots qui appellent le silence et la paix, la halte du soir, des mots sacrés entre tous.

2 réflexions au sujet de “Les mots.”

    • il y a ce mots qui blessent parce que cet amour vit, tu es ma serendipité, ils ont choisi de t’employer comme message pour m’apprendre, j’ai grandi mais tu me manques

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