Je n’ai pas peur de te perdre

Je n’ai pas peur de te perdre. Tu seras longtemps quelque part entre ton ici et mon là-bas, à rouler sur des routes que je parcours, à regarder le même horizon sur la même mer quand vient le soir, à pousser ta porte à l’heure où je rentre. Même tard, même bien plus tard. Mais lui, oui, pour rien au monde je n’aimerais le perdre. Pour rien au monde je ne voudrais un matin de ma vie me lever sans lui.

Il n’est ni à toi, ni à moi, il ne peut être que de nous. Sans jamais nous appartenir. Un ferment, une étincelle, dont je ne parviens pas à décréter s’il est incroyablement fort, ou si fragile.

On essaierait de le jeter dans la tempête, de le noyer au plus profond, de l’ensevelir sous le sable, à l’aube il serait là, c’est certain, comme une étoile que nous seuls saurions apercevoir. Comme une flammèche pour allumer la cheminée, comme le levain qui fait gonfler la pâte, comme une toute petite graine qui contiendrait un baobab tout entier. Ou un rosier, plutôt, tu ne crois pas? Quelque chose de sacré et qui nous dépasse. Un lien.

Pourtant je crains souvent, qu’un un souffle, une inattention minime, une maladresse anecdotique, un temps à peine trop long, l’oubli de ce qu’il est, ne puisse lui être fatal. J’ai tort, n’est-ce pas? Mais je ne veux pas cesser de craindre – un peu moins que ces jours passés sans doute – de veiller, d’être attentif jusqu’à la douleur s’il le faut, à la plus petite ride sur son front, à la moindre interrogation dans son regard, à la plus ténue inflexion du ton de sa voix. Tans je sais que pour moitié j’en suis gardien. Tant je voudrais veiller sur lui, toujours. Tant il me paraît comme une plante minuscule que nous aurions à arroser, nourrir, tailler.

Dont nous aurions à prendre soin.

Toi et moi.

Other dancers may be on the floor
D’autres danseuses peuvent être sur la piste
Dear, but my eyes will see only you […]
Ma chère, mais mes yeux ne verront que toi […]
I can hear the sounds of violins
Je peux entendre la musique des violons
Long before it begins
Longtemps avant que tout commence

Sway – Dean Martin (1954)

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