Cet été d’ici. La tentation est sortie de la mer à contre-jour, pour venir s’asseoir à ma table, encore mouillée, éclaboussée de lumière, au point que j’ai regretté de n’avoir pas d’appareil photo pour devenir un nouveau Terence Young saisissant Ursula Andress. Ou plutôt était-ce moi qui étais assis à sa table. Et si nous allions à la plage? M’a-t-elle demandé. Gentiment j’ai décliné sans trop y penser.
Plus tard elle m’a tendu la main pour danser sur la place une valse rien que pour nous deux, où je n’étais pas, avant de m’entraîner dans une course effrénée et que je ne la reconduise sur mon scooter tel cette fois-là le Gregory Peck de Vacances romaines. Pas de dernier verre, non merci il est tard. La route prudente, un peu gêné que le village tout entier n’ait eu d’yeux que pour nous. La montée et les étoiles de la nuit. Canis salvator!
Me demander pourquoi il était surprenamment plus facile de résister que de céder, tout en sachant exactement. Et puis comprendre.
Que ce choix – je l’ai eu déjà – n’était là que pour qu’il y en eût un, une porte de sortie de pure forme, mais que l’univers tout entier savait bien, le chemin que je prendrais. Etait-ce mal, était-ce bien? C’était le mien.
Mais toi, oui, tu fais bien plus que te substituer à tous les visages croisés, et tu fais plus encore qu’habiter mon coeur tout entier, tu le sais.
J’ai envie de te serrer à nouveau, salée, dans ta chair de poule ensoleillée au sortir de l’eau dans le Sud, de t’embrasser. Plus encore que ça. De t’effleurer, de te sentir, de te regarder dans les yeux quand. De te retrouver sur les draps alors même qu’il fait trop chaud. De saisir l’instant de mes mains. De te regarder encore. De te trouver belle. A la station-service, tandis que tu me cherches du regard devant la vitrine du restaurant, alors qu’on se retrouve au-dessus du champs, toi dans ta robe rouge, moi émerveillé.
C’est toi que je désire.
Depuis qu’un soir dans un coin de France
Léo Marjane – Bei mir bist du schön
J’ai vu dans l’ombre vos yeux immenses
Mon coeur est plein de folle espérance
Et je pense à vous le jour et la nuit