L’après-midi déjà. Troisième café, et je ne suis toujours pas vraiment réveillé, un arrière-goût amer dans la bouche. L’air trop lourd, les passants trop pressés, les magasins trop fréquentés. Et moi, bousculé, ignoré, mille fois agressé. L’envie de rentrer maintenant, sans les courses. Mais où est-ce vraiment chez moi? Là où est mon coeur? Où est-il mon coeur? L’envie de m’arrêter, l’envie de pleurer. En deux semaines, je viens de rattraper cinq ans d’envie de pleurer.
C’est stupide, je le sais, mais je me sens abandonné. Et rien d’autre à faire qu’essayer de trouver un sens à tout ça.
Je pense à rédiger un billet. Pas très gai, le billet.
Alors je sors à nouveau, je vais au bord du lac, c’est tout près. Un souffle léger et frais s’est levé, le ciel s’est dégagé. Je marche un long moment, dans ma bulle, au milieu des promeneurs, des bicyclettes, des patins à roulettes. J’attends des nouvelles de toi, des nouvelles qui ne viennent pas.
Et puis, magie du téléphone mobile, je retrouve Paolo sur un parking. Paolo l’enthousiaste qui sort de son coffre deux énormes congas et deux bières en rigolant. Bon sang, moi qui n’ai jamais eu le sens du rythme. Nous trainons nos instruments jusqu’à un muret ensoleillé, face à un cyprès, au milieu d’un cercle fraichement fauché, loin de tout.
Mes débuts sont difficiles, laborieux. Et puis, curieusement, au bout d’un moment, ça vient, modestement, mais ça vient. Je donne la mesure, Paolo improvise, nos instruments se répondent, on délire. Je m’oublie. Des hérons nous survolent. Le ciel s’embrase, l’étrange ciel d’une soirée de printemps, floconneux, en perspectives infinies. Une multitude d’oiseaux dans les arbres alentour saluent le soleil. Les pieds bien à plat sur le sol, presque enracinés, je tape sur la peau de mon conga. Il n’y a plus que ça, plus que le rythme, celui de mon coeur, du coeur de l’Homme, de la vie qui coule en moi.
Plus que deux fous qui battent la cadence et qui sourient tandis que la nuit descend.
Je découvre ici et j’aime beaucoup. Et puis je suis très touchée par le lien…
Je reviendrai.
Merci à toi, pour tes mots au quotidien. Ils sont comme une fenêtre ouverte sur un monde dont je me suis parfois pris à douter qu’il existait.
C’est Paolo l’ « enthousiaste »:O)
Je suis très touché par cet article « Blob-Bob », car impliqué au premier degré dans l’histoire. Très touché, comme individu, d’être traité d’enthousiaste, car moi aussi j’ai mes hauts et mes bas. Et a dire la vérité j’ai sûrement eu moi aussi ce week-end l’impression de vivre dans une bulle qui n’éclatait pas au moment ou je pensais…Alors j’ai appris que le temps arrange les choses…Souvenez-vous des bulles de savon s’envoler dans le ciel frôler les immeubles, alors que vous croyez qu’elles éclateraient. Mais non , ce n’était pas le moment, certaines éclataient au premier balcon, d’autres contre le branchage d’un arbre et d’autres s’envolaient éclater hors de notre vue d’enfant à l’âme pûre.
Alors laissons le temps au temps et soyons enthousiastes de la vie, si imprévisible, mais qui nous a donner tant de joies déjà.
Paolo