Je reviens de soulever le plus de fonte que je pouvais. Pour tenter d’oublier que ces jours derniers tu ne m’as pas quitté. Invisible. Dans d’autres bras, d’autres rires, sur d’autres lèvres. Que j’ai traversé la semaine avec nos deux paires d’yeux. Et que, quoique je veuille bien en dire, j’aurais voulu que ce soit toi à mes côtés.
Tu m’as retenu de ton attraction. De ton regard de madone, lorsque dans la lumière de l’arcade tu posais pour le peintre, De tes larmes surtout, que je voudrais sécher jusqu’à la dernière. De toute ta peine, que j’aimerais balayer d’un geste, comme une mèche de devant les yeux. Alors en vain, j’essaye de t’estomper, de me laisser émouvoir par des sourires de passage. De me dire que d’autres sont encore plus belles que toi.
Parce qu’aujourd’hui je sais bien que je ne peux pas gommer la peine du monde, pas même ton chagrin. Et puis qu’ensuite je ne saurais pas m’éclipser, comme les héros d’Akira Kurosawa une fois leur tâche accomplie.
T’es tellement humaine, tu sais. Tu vis les choses tellement profond, tellement plus fort que tous ceux que je croise jour après jour. Que je crois bien que veiller sur toi me donnerait une raison de vivre pour les mille prochaines années.
Et puis pour mille ans encore.