Il y a des journées commencées ainsi. Avec le sentiment que partout il fera froid, qu’ici ou là-bas il y aura toujours ce silence, quand bien-même on y mettrait des bruits, des mots. Que ça serait même mieux, de ne rien dire.
En remontant vers les immeubles aux sommets perdus dans les nuages sales par l’interminable escalier roulant, je me demandais à la poursuite de quoi j’étais lancé, encore, depuis le début, mes dix-sept ans sans doute. La quête d’un dialogue c’est sûr, tout le reste n’avait été qu’errance. Quand deux êtres font tout ce qu’ils peuvent pour se rapprocher, se comprendre, se toucher. Sans regret, je pensais avoir fait mon possible, ne pas avoir été un obstacle à moi-même, avoir mobilisé l’entier de mon coeur, de ma raison, de mon élan. Dans un seul sens. Il y avait eu des instants magiques, des parenthèses. Que j’avais continué. Mais seul.
Dans le métro, j’observais un grand gaillard à la barbe poivre et sel, l’air résigné, mais le regard étonnamment vif. Sa compagne, une femme sans âge, a déposé un baiser sur sa joue avant de se lever pour descendre au même arrêt que moi. Quand les portes se sont ouvertes, plutôt que se précipiter en avant, elle s’est retournée pour lui adresser un petit signe de la main.