Il y a des trames délicates sur lesquelles on n’ose pas. Poser l’acier de la plume. De peur de rompre. Le charme fragile de l’instant. De peur que l’encre s’imbibant ne change les demi-tons subtils. De la ligne d’horizon. Avant qu’elle ne se dessine. De peur que ne retentisse la fin de l’heure qui inspire. A laquelle on aspire. Pour laquelle on n’a que des mots trop lourds. Et qui figeraient. Ce qui est envol.
En passant le portail, en poussant la porte, en allumant la lumière, je me suis étonné. Qu’il n’y ait pas une pierre blanche en travers du chemin. Sur laquelle trébucher. Une fissure de plus dans le mur. Après que la Terre a tremblé. Un indescriptible chaos. Témoin d’un souffle qui est passé.
Rien qu’à la gare un vieil homme. Un accordéoniste. A qui j’ai donné deux francs. En me disant qu’il devait bien le connaître, lui, le secret. Du temps qui s’en vient. Et qu’il le taisait.
Il était déjà loin. Le silence dans la grande serre embuée. Le bruit d’une goutte rebondissant à la surface du bassin. Deux chaises pour parler autant que pour. Ecouter. Des fougères si hautes qu’on a bien dû les rêver. Qu’elles devaient n’être là que pour nous abriter.
Et puis encore. Tout près du poêle. Des assiettes beaucoup trop grandes. Pour être vraiment réelles. Des pas croisant ceux d’un passé dissipé et soudain tellement lointain. Contre une vitrine les ailes d’Anges qui s’étaient juste absentés. Pour nous laisser entre nous. Et la patron hypothétique d’un commerce assurément fermé. Mais où l’on était bien.
Je ne suis pas certain qu’aujourd’hui ait existé.
Il est aussi des mots que l’on ne veut pas prononcer. On se sent si souvent en danger. Ces peurs sont tellement paralysantes. Et pourtant, tellement imaginaires.
Il y a aussi des silences que l’on ne veut pas briser.
La lecture de vos textes fait partie de ses sentiments là, je ne voudrais pas qu’elle s’arrête. Continuer d’écrire, vos mots et vos phrases sont magiques.