Sarbanes-Oxley 404 Act (SOX).

Comment peut-on remplir avec tant de petites choses. Une semaine si vide?

C’était jeudi. Je crois. Pour clore la journée, j’étais allé boire une tasse de thé. A la bergamote. Une paire d’yeux d’un bleu étonnamment foncé m’a demandé. Si j’allais bien. Je lui ai répondu que. Je n’avais pas vu passer la semaine. Elle m’a dit que. C’était tant mieux ainsi. Qu’elle les aimait bien. Ces semaines-là.

Peut-être oui. Que c’est indolore et sans risques. Qu’on pourrait y trouver sa voie médiane. Pourtant je crains.

Qu’il n’y ait un danger à mettre ainsi bout à bout des petits morceaux de rien. A laisser passer ce temps infiniment précieux de notre vie.

Qu’il ne faille revenir à l’essentiel. Sans cesse et encore. Cet essentiel qui ne nous est pas forcément commun. Mais dans lequel on se rejoint de toute façon. Parce que lorsqu’on est au centre, les mots sonnent immanquablement. Juste.

Alors j’en oublie Sarbanes-Oxley 404 Act (SOX), et notre séance de lundi. Pour ne retenir que:

Un regard retrouvé. Eclairé de bas en haut par une petite bougie. Sur la table. Qui y allumait des reflets émouvants.

Un serrement dans les bras. Très fort. Pour étouffer quelques larmes. Et dire ma proximité. Même si c’est bien après l’amour.

Des mots exorcistes, au téléphone. Un départ en vacances. Pour redevenir amoureuse.

Et puis les cent sourires des sept jours écoulés. Plus précieux que tout. Et qui me font vivre…

Un matin que je me suis endormi avec dans la main une autre main. J’ai cru que c’était fini. Que voilà. J’avais su te ravaler au rang de souvenir. De rêve qui l’aube venue se serait évanoui. D’anecdote pour plus tard. Dont j’aurais fini par douter de la véracité. D’errance dont j’aurais seul pu m’attribuer la faute. Dont il aurait été mieux de ne plus parler.

Combien j’aimerais parfois pouvoir te désintégrer! Te gommer! Te nier!

Mais on ne peut effacer ce qui a été. Et puis c’est vrai, tu as raison. On est toujours reliés. Avec juste l’envie de couper le cordon ombilical de cette mémoire qu’on habite à deux. De supprimer au montage ta silhouette digitale. Pour ne laisser sur l’image que le paysage. De t’en vouloir un peu. Même si je ne sais pas pourquoi. Même si c’est avec tendresse. Beaucoup trop.

J’ai essayé de te perdre dans les gestes, les projets. Tu m’as rattrapé. Avec notre cohorte de souvenirs encore plus colorés qu’en carte postales. Tes lettres trop belles qui dorment dans leur crypte pour ces mille prochaines années. Au moins. Ton regard au travers duquel je n’ai pas cessé de voir. Ton univers dont l’attraction me retient satellisé. Et nos innombrables cafés à nous oublier dans nos Mondes réciproques.


On oublie tant de soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse

[Jean Gabin, Maintenant je sais]

2 réflexions au sujet de “Sarbanes-Oxley 404 Act (SOX).”

  1. Des mondes parallèles aux passerelles de souvenirs. Si la pensée reste indomptable, s’il ne suffit pas de couvrir des images avec d’autres images, l’essentiel pourtant est peut-être là… Dans les moments agréables successifs comme celui pour moi de commencer la semaine en vous lisant. Bonne journée.

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    • Il y a parfois en nous un tel désir de permanence (si l’on songe par exemple aux serments amoureux)… Que parfois on en oublie un rendez-vous avec l’éternité. Le temps d’une danse, d’un regard, d’un souffle. Sans passé ni perspective. Un instant simplement.

      Merci pour votre fidélité, et bonne semaine.

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