A croire qu’il faut des parenthèses, des voyages dans d’autres mondes, pour comprendre le nôtre. La densité poisseuse d’une fin de journée pour retrouver sa quête de lumière. Un ancien complice dans un bistrot miteux.
Trop de souvenirs. Douloureux. De cassures. D’images qui reviennent. On en a fait du chemin. Vers le haut. Une question banale sur un visage d’autrefois. « Tu ne savais pas ? » Las de sa vie, il s’est éclipsé. On se demande « Est-ce que c’est mieux là-bas ? » Et puis on se tait, longtemps, le regard perdu, l’esprit on ne sait où.
Ensuite il y a une bagarre d’ivrognes. Ça n’est pas notre jour. Et l’un d’eux vient s’asseoir à notre table pour se raconter, se justifier, se sentir exister peut-être. Mais on n’a que faire de la violence de son verbe. Un peu la nausée.
Plus tard, je prépare le repas. Ça n’était pas prévu pour deux. Mais ça fait si longtemps qu’on n’avait pas mangé ensemble. Notre vie d’avant. Quand c’était plus dur.
On ouvre le piano, on cherche quelques accords. Et puis on chante. Hava Naguila. A en perdre la voix. Et on recommence. En riant. C’est la musique qui nous fait retrouver le ciel.
Qui me ramène à ton sourire, tellement humain, et à tes petites rides, sous les yeux.
Hava nagila,
hava nagila,
hava nagila,
venishmecha
Hava nagila,
hava nagila,
hava nagila,
venishmecha
Hava naranena,
hava naranena,
hava naranena,
venishmecha
Uru achim, uru achim, uru achim,
belev sameach
(Chant traditionnel d’Israël – 1959)