Tous ce trains, ces avions, ces bateaux. Qui mènent à toi. Ma vie n’est pas ici. Là-bas non-plus. Tout près de toi je crois. Quand elle tend à, qu’elle va à. Qu’elle ne peut se décrire en objectifs qu’on identifie. En désirs pour elle-même. Mais qu’elle se fait attente, écoute, regards. Ne thésaurise que les potentiels. En éveil. Prête à l’envol.
Et puis il y a ces heures. Juste là pour rappeler. Que tout peut changer. Sur l’instant. Quand il est là. Dans un clignement de paupière.
Quand on se serre dans les bras, si proches, et pourtant… Quand d’une caresse on se débarrasse l’un l’autre les joues, les paupières, de ces paillettes venues d’on ne sait où. Qui nous collent au visage. Quand l’haleine qui nous effleure nous fait frissonner. Qu’on s’embrasse dans le cou. Que les mains se rejoignent naturellement. Que les doigts s’entrecroisent. Et qu’on s’arrête. Dans un no man’s land1 entre l’amitié et je ne sais quoi. Où je découvre après sept ans que tu peux m’émouvoir.
Quand vers trois heures du matin je me retrouve seul dans la ville glacée, semblable et puis changée. Chamboulé. Mais soulagé, je crois, que la vitre de plexiglas ait tenu bon.
Cette fois du moins.
Est-ce que tu me diras qu’on se connaît depuis toujours ?
1 Terrain intermédiaire, d’usage souvent mal défini, entre deux domaines bien définis.
Si ça fait mal, c’est sûrement que ça en vaut la peine.
[Danny Boyle, The Beach]
Bob, je découvre ton blog et je lis ce texte… Je relis encore, je comprend certaines choses, je ne saisis pas d’autres… Pourtant je ressens un certain apaisement au final… C’est marrant non?
Ce soir-là n’était pas le mien… Et c’est l’âme en paix que je m’en suis retourné. Merci de me lire, de me relire, et… mes salutations au soleil de Rabat!
Bien sûr que certaines émotions apparaissent comme des raz de marées pour s’assagir ensuite (je devrais dire s’apiaiser). Certaines autres débutent « comme un murmure » a peine audible avant de s’intensifier en se « passionifiant ». Peu importe, s’il n’en reste que le souvenir qui peut durer si longtemps.
De mes émotions, déformées par le temps, il reste toujours un arrière goût, à la fois amer et sucré, indéfinissable mais qui me permet toujours de ressentir, de revoir et de retrouver au milieu de n’importe où celle qui en fût la source.