Elle remonte en voiture et reprend la route. Le but n’a pas d’importance, pas plus que le chemin. Tout ce qui compte cette nuit, c’est la douleur lancinante, une incomplétude profonde, l’impression d’exil, d’être orpheline d’une famille qu’on ne pourra jamais recréer.
Avant, était-on moins seuls ? N’avait-on pas connu une union, une fusion dont il ne nous resterait que la nostalgie ? Moins encore que la nostalgie, un doute qu’on s’apprête à balayer d’un souffle ? Mais y a-t-il seulement un sens à tout cela ?
L’aiguille du compteur monte docilement. Elle roule vite, beaucoup trop vite. Elle pourrait se tuer, maintenant, ce serait facile. Elle regarde la route, et s’étonne de songer à mourir avec dans le cœur une telle tendresse. Elle ne retournera pas chez elle. (A suivre…)