Montreur d’étoiles. Douzième épisode.

Au sortir de la ville, elle prend l’autoroute. Il y a peu de circulation. Sur l’autoradio, elle met une cassette. La mélodie est très douce. Chaque fois qu’elle arrive à la fin, elle rembobine et l’écoute à nouveau. Sur un viaduc, elle se range le long de la bande de détresse et elle descend. L’air est glacé. Elle a froid. Tout au fond, elle a froid.

Accoudée à la rambarde, elle contemple les étoiles piquées sur un ciel noir. Elle a le vertige de ces espaces intersidéraux immenses sans chaleur et sans lumière qui plongent au cœur de l’infiniment grand jusqu’à se perdre eux-mêmes dans une totale absence de limite. Soudain pris de vertige face à l’absolu, son esprit se raccroche aux étoiles. A les regarder, on peut les imaginer issues d’une même masse, fragments éparpillés de lumière qui autrefois réunis formaient peut-être une image. Pris d’un irrésistible élan, les astres s’éloignent et s’éloigneront encore jusqu’à la fin des temps, ne laissant derrière eux qu’une lueur incertaine, comme une manière d’adieu, comme un mouchoir agité à la portière d’un train qu’on ne rattrapera plus. Ne nous reverrons-nous jamais ? (A suivre…)

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