Montreur d’étoiles. Cinquième épisode.

Ce soir, en préparant le repas, elle a regardé par la fenêtre les mille lumières de la ville. Quelque part, la sienne n’était pas allumée, elle ne brillerait jamais plus. Comme tant d’autres, avant, qui se sont éteintes alors même qu’on n’y pensait pas, et auxquelles on ne songe plus.

Qui n’a jamais perdu un être cher ne peut savoir le vide, le sentiment d’impuissance extrême et de désarroi dans lequel nous laisse un départ. Celui qu’on n’avait sans doute pas aimé d’une manière absolue éclipse soudain les autres. Il emplit l’espace de son absence. Chaque objet, chaque odeur, chaque lieu ; tout nous crie le manque, l’abandon, la solitude. Avait-on cessé de considérer la présence du compagnon, du parent comme un miracle chaque fois renouvelé qu’on regrette soudain les non-dits, les malentendus, les mensonges ; ils sont définitifs. Pourtant le deuil nous sert rarement de leçon. On ne béatifie, on n’idéalise que les morts, ceux qui ne viendront plus nous déranger de leurs doutes, de leurs incohérences ou de leurs humeurs. A jamais silencieux, ils ne nous remettront plus en cause. (A suivre…)

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