Les lettres qu’on n’envoie pas.

Les jours sur le calendrier. Qui passent trop vite. Sans nouvelles. Les regards qui se taisent. Un peu gênés. Les « ça va ? » inquiets. Qui craignent le naufrage.

Juste l’envie de dire qu’il ne s’est rien passé. Et de fait il ne s’est presque rien passé. Juste un « presque » que la raison pourrait facilement gommer. On pourrait dire sans mentir que rien n’est arrivé. Comme quand dans la vie il ne se passe « rien ». On respire, on parle, on serre des mains… Mais rien ne se passe. Pendant parfois très longtemps. Alors là, l’affaire de quelques heures à errer… Encore moins que rien ! Et d’ailleurs un encore-moins-que-rien facile à oublier. Parce qu’on oublie vite. Quoi ? Je ne sais plus, c’est déjà oublié ! Et avec qui ? Je ne sais plus non plus. Les êtres souvent sont si confus. Perdus dans leurs retours sur eux-mêmes. Que les noms, les traits, d’anonymes aisément interchangeables, rapidement nous échappent : Avec personne. Ou presque !

Il y a juste qu’il n’est pas aussi facile de dissimuler qu’à moi-même l’évidence gênante du « presque » aux yeux qui me connaissent trop. Parce qu’ils sont attentifs, extrêmement. Au froissement des ailes du papillon qui prend son envol. A la plume quand elle touche le sol. A la seconde qui s’attarde.

Pas plus que moi ils ne savent. Ce qui peut naître d’une rencontre, d’un regard. Pas plus que moi ils ne veulent. Ils écoutent. Pas plus que moi ils projettent. Ils sont là.

Mais bien plus que moi ils savent quand l’occurrence est unique. Bien plus que moi ils savent quand l’instant sonne juste. Bien plus que moi ils savent le prix du sourire en retour, des mains qui se rejoignent alors que chacun nie avoir tendu la sienne, des trains qu’on n’arrive pas à se résoudre à prendre. Parce qu’ils éloignent.

Dis, on se reverra ?

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