La journée s’était déclinée en discussions courtoises, dans des salons de thé, des restaurants en vogue. Sur les rapports de voisinage, la décoration d’intérieur. J’aurais dû rentrer, boire une tisane, me coucher.
Et je me suis retrouvé au Festival de la Cité, à un concert de rock, une bière dans la main, à moins d’un mètre des baffles. Contre mes jambes je sentais vibrer la toile de mes pantalons. La guitare électrique me traversait, me transperçait, m’imprégnait. Me prenait au ventre, aux intestins. Transe étrange qui me ramenait à d’anciennes révoltes.
Présentes.
A ces soirs et toutes ces nuits jusqu’au petit matin. Assis contre un mur à ne plus t’attendre. A briser des bouteilles sur le pavé, de désespoir. A cette envie de hurler pour tenter de ne plus être transparent, d’être regardé. A cette envie de mourir aussi, parce qu’une vie sans je t’aime, sans caresses, c’est comme la négation de soi. Comme si on ne valait rien. A cette douleur qui serre le cœur dans un étau. Quand on est prêt à tout donner et que personne n’en veut. De nos trésors. Quand je te regardais passer, si proche, tellement inaccessible. A en vomir, à en crier, à en pleurer. Et j’en pleurais.
Je me demande si lundi ce sera vraiment le même qui prendra place sur le fauteuil, derrière son bureau. Ce dont je suis certain, pourtant, c’est de me souvenir pourquoi tu es ce qu’il y a de plus important au monde. Et de ne pas oublier.
Et toi, qu’en as-tu fait de ta révolte ? Tu as le regard bien triste parfois.