Entre ici et là-bas.

Le soleil bas. Les ombres très longues. Les visages masqués de lumière dans l’éblouissement matinal. Je connais ce chemin. Pourtant je ne l’ai jamais parcouru.

Pas avec ce bagage du moins. Mon pas est le même. C’est moi qui ai changé. Mais ce virage me semble familier. Quand les je remplacent le on. Quand les nous se sont dissipés avec la venue du matin. C’est juste le retour de la solitude ordinaire. Celle qui s’en vient dans le proche après. Pour qu’on puisse se retrouver. Avec soi. On a l’impression souvent qu’elle pourrait durer mille ans. C’est une illusion. Parce que les regards sont faits pour se rencontrer. Et les sourires ses fondre.

L’autre soir il y a eu. Ta silhouette dans le noir. Assise sur le muret, près du bassin vide. Ton profil que je devinais. Avec sur la langue le pétillement de nos canettes de bière. Et nos mots en confiance. Côte à côte. Comme à chaque fois que tu écris dans la marge. Au stylo très bleu. L’histoire de quelques heures.

Qui valent bien toute ma semaine.

Mais mon cœur, pourquoi s’égare-t-il ?

3 réflexions au sujet de “Entre ici et là-bas.”

  1. Au soleil on est donc moins seul puisque notre ombre nous accompagne… Est-ce que notre ombre se sent seule, elle aussi ?

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    • Dans un entretien publié dans « L’Humanité, » Elie Wiesel (c’est un clin d’oeil!) disait: « C’est la solitude de l’être humain qui le lie à la solitude de l’autre. » Je lis cette phrase sans tristesse, comme le révélateur du mouvement qui nous anime, de cette quête qui est la nôtre. Parce qu’on ne cesse jamais de « tendre à » ou d' »aller vers, » pour tenter de combler une proximité qui semble toujours insuffisante. Le jour où notre ombre quitterait son univers synchrone pour vivre sa vie d’ombre serait un jour d’unité perdue, mais aussi le début d’un dialogue. Vous savez, ce dialogue qui n’a pas de fin…

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