Derrière la fenêtre, une casserole sur la cuisinière.

Peut-être bien. Qu’il faudra apprendre. A mettre les gestes avant les sentiments. Les mots entre parenthèses.

Peut-être bien. Qu’il faudra jouer. Le jeu des non qui valent des oui. Celui des oui qui ne disent rien. Apprendre à fuir. A disparaître.

Peut-être qu’il faudra tuer un peu de soi. Pour faire renaître. La poésie.

La première pensée. Au réveil. Qui n’est plus un prénom. Juste le fait de se dire que c’est différent. De dormir seul.

Contempler simplement la dernière rose. Avant l’hiver. Toi dans un grand fauteuil. Sans vouloir ni se souvenir. T’observer dans l’instant. Et te trouver belle.

La ville étrange et désertée. Après que l’onde eût charrié par paquets les feuilles mortes jusqu’au caniveau. L’air à nouveau transparent. L’automne comme un paquebot. Qui sombre. La vapeur par ballots qui remonte du lac vers les Alpes. Le début de soirée encore un peu plus glacial. Les allées du Parc encore un peu plus boueuses. Le ciel encore un peu plus gris. Et le soleil encore un peu plus pâle. Qui éclaire fugitivement le haut des immeubles d’une frange dorée. Avant de disparaître.

Mais des sourires en périphérie. Comme les liens qui amarrent. A la vie. La gare éclairée. D’où ne part aucun train.

Est-ce qu’on les a tous manqués ?

Puis la nuit descendue. Impénétrable. Une fenêtre éclairée. Un intérieur que j’imagine. Une lampe, un divan. Le repas qu’on prépare. Quelque part. Plus haut que tout. Plus haut encore que l’ombre de la Terre.

Mais où ?

Et des phares dans le noir. Pressentir simplement. Les regards qui viendront. Ce départ qu’on attend. Celui justement. Qui mène aux retrouvailles.

Comme si on ne s’était jamais quittés. Avant même de se rencontrer.

Il faudra bien qu’on la vive cette histoire d’amour.