Il y a des êtres avec lesquels on partage plus qu’une simple amitié. Les épreuves par lesquelles on est passés. Comme une partie du moule qui nous aurait formés. Une étrange proximité. Nos jours d’internat. De ces liens qui ne cassent pas.
C’était il y a vingt ans. Quand on y pense. Ça semble hier encore. Mes larmes sur le banc de bois. A l’heure de la prière. L’eau froide de nos ablutions matinales. A torse nu. Les lavabos alignés. Le silence de la grande étude. Des odeurs qui parfois me reviennent.
Une empreinte.
Et puis cette étrange fièvre. Avant les vacances. L’été revenu. La promesse d’un autre monde. Où il y aurait des rues avec des passants. Des kiosks où acheter du chewing-gum. Des filles.
Tellement belles.
De nos hivers presque éternels, de ces brouillards opaques sur la campagne gelée, de ces nuits de dortoirs à écouter d’autres souffles je garde un trésor.
Chèrement payé.
La foi dans le matin qui revient. Parfois plus tôt qu’on ne l’attendait. La foi en l’autre. Qui se révèle souvent un frère. La foi en toi. Qui n’a jamais cessé d’habiter mon cœur.
Que fais-tu ce soir ?