Cette absence qui te rend plus proche encore.

« On a retrouvé notre Bob » m’a dit Katia ce matin lorsque je suis passé au secrétariat. Il paraît qu’on en a aperçu un autre, hier soir, sur une barge, un peu distant, qui écrivait quelque chose assis seul à une table. Pas l’envie de te dire les pourquoi et les comment. Mais tu as raison: quand tu ne sais pas, tu sens.

Et puis notre tronçon d’autoroute, à nouveau. Ces kilomètres dont on a fini par connaître chaque aire de repos, chaque radar, chaque panneau. A l’heure des bilans. A trois, nos trajectoires sont bien différentes. Mais c’est fou comme certains sentiments, certaines quêtes sont universels. Toujours les mêmes questions. Il n’y a que les réponses qui diffèrent. Les seuls qui me font peur, ce sont ceux qui ne les posent pas, les questions. Peur à en avoir la nausée.

 

Plus tard on se retrouve dans une cabane, dans la campagne, à préparer le dîner. C’est du team building. Je suis chef de l’équipe bleue. A la fin, je n’ai pas compris qui a gagné, ni s’il n’y a que des perdants. On a mangé.

 

Ensuite, il y a eu cette discussion avec Ulrich, en marge de l’agitation. Le Québec d’il y a trente-quatre ou trente-six ans. Les mêmes paysages vus avec d’autres yeux. Une autre vie. Sa nostalgie qui m’a catapulté six-mille kilomètres et deux mois en arrière. Il est de trente ans mon aîné et mon supérieur hiérarchique. Mais j’ai posé la main sur son épaule. Ça n’avait rien de déplacé.

 

La chambre d’hôtel enfin, où se réchauffer un peu. Un joli bureau en ronce de noyer, d’où j’écris. La solitude d’un lieu d’emprunt d’où je me projette.

 

Cette solitude qui me rapproche de toi.

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