Le quai venteux dans le matin glacial. Après avoir laissé l’appartement trop bien rangé des jours ordinaires. Dans le noir. Quelques minutes sur la grande horloge. Pour observer en retrait. Les voyageurs qui attendent. Imaginer des destins. En partance. Même si ça n’est pas vrai. Ce soir, y en aura-t-il un qui ne fera pas le même chemin. En sens inverse. Qui échappera à sa gravité. Pour s’envoler?
Les portes coulissantes qui s’ouvrent sur la tiédeur du compartiment silencieux. Sur un peu de sommeil cahotant. Que l’on reprend à la trop courte nuit. A l’oubli des rêves. Qui s’envolent au réveil. Les paupières qui peinent à s’ouvrir. Sur un monde qu’on suppose sans surprises.
Les longs couloirs aéroportuaires. Les trajectoires pressées de destins rectilignes et parallèles. Qui jamais ne s’entrecroisent. Et puis ce serrement dans le ventre. Quand approche comme une jetée sur l’océan le tea-room d’un rendez-vous singulier. Qui m’a emmené bien loin. Sur un autre continent. C’était il y a si longtemps. Six mois au plus. Une autre vie.
Mais aujourd’hui je ne suis pas en partance.
Severino m’attend, l’air un peu maussade des matins où on se lève tôt. Pour choisir au hasard une table le long du passage. Une de celles que je ne voudrais pas. Mais je ne dis rien. Au hasard…
Nous parlons de tout et de rien. Du gâteau que j’ai fait hier soir. Dinde hachée et poivrons. Et puis il tend une main en ma direction. Qui me dépasse. « C’est votre journal? » Je me retourne. Pour découvrir. Arrivé en silence. Peut-être matérialisé à l’instant. Tant il est proche. Un regard vert. Trop profond. Trop attentif. Pour que je puisse me laisser aller à croire qu’il soit anodin. Qui ne s’approche ni ne fuit. Ne me surprend pas tant il est présent à l’instant. Tant il semble dans l’ordre des choses qu’il soit là. Tant je sais déjà, sans comprendre pourquoi, que je n’ai pas à être sur mes gardes.
Ensuite il y a les mots un peu maladroits, peu en importe le sens, qui partent à la rencontre les uns des autres. Sont comme le petit caillou au bout d’une ficelle. Qu’on lance. Pour tirer une corde. Et puis construire un pont. Entre les mondes. Un récit dans lequel je voudrais bien me résumer. Tout entier. Avec cette étrange impression que mon interlocutrice sait déjà, par fragments au moins, ce que je vais lui dire.
Qu’elle sait aussi que ces cafés là sont toujours trop courts.
Ils ont un goût qu’on ne trouve nulle part ailleurs les cafés avec toi, un petit goût rien qu’à nous.
J’aimais bien me laisser bercer par le timbre de ta voix. Elle reviendra, sans doute, un matin. Restent les mots. Le découpage du texte. La respiration dans l’histoire… Je lis et je t’entends nous la raconter. Doucement, comme autrefois.
Que ces jours de fetes se passe dans la joie et la douceur
Voila ce que nous vous souhaitons
Claudette & Richard
http://survenant.canalblog.com/
Bonnes fêtes de fin d’années à vous aussi! Mes voeux vous accompagnent.
Très beau texte, qui me laisse songeur.
Bonsoir,
je suis arrivée jusqu’à vous par le biais d’une recherche d’image de tasse de café….la vôtre
évoque ce que je souhaitais faire transparaître dans un message dédié au bons moments partagés autour d’un café.
J’ai alors pris plaisir à lire vos textes et à ressentir de nouveau certains des sentiments que vous décrivez avec tant de sensibilité. Alors fruit du hasard, coincidence je m’interroge seul reste le plaisir de la rencontre une belle rencontre. Encore merci pour la force évicatrice des mots et des images.