C’est vrai qu’au-dessus des nuages il y a toujours le soleil?

Il y a des journées mal commencées dont on se dit qu’elles vont finir plus mal encore. Le ciel semblait me donner raison avec ses nuages devant le soleil et sa moiteur étouffante.

Au troisième, on en était comme parfois à disséquer par le menu les pourquoi des pourquoi, à se dire que renoncer vaut parfois mieux que souffrir, que les amours de plaine ma foi… Et j’étais presque d’accord. Puis dans la voiture climatisée, partie avec une demi-heure de retard et autant d’énervement, le climat n’était pas meilleur. Tant de fils aux pattes, de réveils pâteux, de rêves déçus, d’années qu’on compte et qu’on recompte sans arriver au bon résultat.

Dans les rues exsangues de sourires je me suis traîné jusqu’à un hamburger desséché, mâché en songeant qu’en vingt ans je n’avais pas beaucoup avancé. Que ces dix prochaines années sans doute, j’allais avoir beaucoup de temps pour ruminer et méditer sur ma foi en l’autre.

Et puis, comme à ton habitude ressurgie à l’improviste d’un passé que j’avais cessé d’attendre, ta voix un peu rauque dans le portable. Réponse décalée à un courriel à la mer que je croyais chaviré depuis longtemps. Avec juste une question : Pour le vol, ça joue toujours ?

Les briques qui soudain s’imbriquent plus vite que je ne les aurais préméditées, comme si les événements vivaient leur propre destin. Ce sont les balais de l’Apprenti Sorcier que je regarde s’agiter. Pour l’avion bien sûr. Pour le temps bien sûr. Pour chacun bien sûr. Plus quelques fioritures, juste pour me faire sentir qu’il y a comme ça des petits cadeaux d’une fortune qui ne me dira jamais son nom. Clin d’œil malicieux. Reflet dans une vitrine de magasin; quand je me retourne, personne.

Pour l’avion, la météo, tout ça, on verra. Mais je crois bien qu’on décollera. A quatre.

Puis un peu plus tard encore, revenu de ma surprise, je n’ai pu m’empêcher de rire tout seul et d’esquisser des pas de gigue sur une mélodie de Pascal Comelade, un peu comme bal musette.

Danser sur le fil, danser comme on prie, parce que se mouvoir c’est vivre.

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