On ne se rendormira plus, n’est-ce-pas?

Dans l’après-midi, la pluie. Tandis que chacun courait se mettre à l’abri, je suis resté au milieu de la rue, enveloppé par l’ondée. Les gouttes sur mes lunettes me rendaient une vision déformée de la ville.

C’était bon de se faire tremper ainsi, bon de se sentir vivant, bon de ne pas se croire obligé de s’agglutiner sous les avant-toits avec les autres. Tous les autres. Je crois bien que mon hot-dog mouillé avait un goût de liberté.

Un quotidien trop bien réglé nous confine souvent à la frontière du mesquin. Ça n’est que confronté à nos grandes peurs, à nos espoirs les plus fous, aux enjeux vitaux de nos destinées que l’on commence à exister pleinement, généreusement. A être. Toi et moi sommes comme ça. On n’aura jamais vraiment de repos. On l’a décidé: on ne se rendormira pas.

Ensuite, sous le toit, à hauteur de la cime des arbres du parc où se chamaillaient les oiseaux, près du ciel, on a bu du blanc fruité dans de petits verres. On a parlé du bon vieux temps, quand c’était dur parfois, quand on était tous soudés. Et puis on n’a plus rien dit, parce qu’on n’a pas toujours besoin de parler pour se comprendre.

Et maintenant, il fait nuit. Rien ne bouge, plus un bruit, sinon une voiture de temps en temps, qui passe.

Et moi je te dis, je le sens, j’en suis sûr: Il est proche l’appel de la route.

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