La lessive ça n’est pas tout, ensuite il y a encore le repassage.

Cinq heures du matin. Quand le réveil sonne j’ai déjà les yeux ouverts, comme averti par une horloge intérieure. Tout me dit de me rendormir, mais il y a cette petite voix qui me souffle : vas-y ! et qui insiste. Pas raisonnable la petite voix du dimanche matin, mais si jolie.

Et puis il y a la grande ville à nouveau, trop cosmopolite, trop impersonnelle. Les noctambules attardés qui braillent à l’arrêt du tram. Tout le contraire de la poésie engourdie de la journée avant qu’elle ne commence. Un souffle frais me fait frissonner. Des arrêts se succèdent que je ne connais pas, des immeubles gris, des rues poussiéreuses. Une fois encore, je me dis que j’aurais mieux fait de rester au lit. Mais la petite voix me précède en gambadant, insouciante.

Je ne suis jamais venu ici, je na vais pas trouver c’est sûr, le plan n’est vraiment pas clair. Mais quel est donc le nom de la rue où je me trouve ? Et soudain, elle est là, devant moi avec ses stores jaunes, qui m’ouvre tout grand sa porte en bâillant, la pâtisserie.

Encore ébloui, je passe le seuil, et je me heurte à ton plus grand sourire : Mais qu’est-ce que tu fais-là ? L’air de dire amusée: Je t’ai pris à voler les confitures, mais je ne t’en veux pas du tout. Ensuite, il y a le café, le croissant aux amandes – spécialité de la maison – qu’il faut manger, le journal. Et par-dessus les lignes, des sourires de ponctuation, des regards surligneurs et complices. On m’interdit de payer, des embrassades volent par-dessus le comptoir, je me retrouve dans le soleil. Le beau soleil d’une matinée estivale, dans la ville toujours assoupie.

Et je marche dans la lumière, joyeux, léger, riche d’un café, d’un croissant, et d’un sourire.

Le dimanche, c’est mon jour de lessive.

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