Quand je suis entré dans la grande salle à moitié vide et baignée du soleil de ce samedi matin, il y a eu le sourire de Maude pour m’empêcher de tomber. Me faire atterrir. Ce sourire énergique auquel il serait bien difficile de vouloir dissimuler quoi que ce soit. J’étais fatigué, je me sentais soudain seul, presque l’envie de sangloter. Je lui ai dit:
– Il y a des êtres qui savent si bien nous toucher, nous tournebouler…
Elle a eu pour moi ce regard entendu et bienveillant qu’ont parfois les vieux compagnons d’armes, ceux avec qui on a mené toutes nos luttes:
– Je sais !
Ainsi donc n’avait-elle pas toujours été cette jeune mère rayonnante et pleine d’entrain que je croyais connaître. Il faudrait qu’à l’avenir je la regarde autrement…
Un peu plus tard je suis revenu avec un étrange bouquet exotique. Je lui ai tendu les fleurs:
– Pour l’atterrissage.
Ce bouquet, si j’avais pu te le porter, aurait été pour toi. C’aurait été un bouquet silencieux, un bouquet qui ne demande rien pour lui-même. J’y aurais joint un billet pour te dire que quand je t’ai serrée, mes bras étaient sincères. Un sauf-conduit à utiliser, ou pas, pour franchir la ligne blanche qui nous sépare, et te laisser accueillir dans le monde qui m’abrite.
Je t’ai regardé dormir un long moment, confiante. Tu avais l’air d’une enfant. Encore plus belle sans fards. Tu avais posé la tête sur mon bras, et, malgré le fourmillement, j’ai évité bouger. Pour ne pas te déranger, prolonger le plus possible ces heures d’avant l’éveil où je pouvais veiller sur ton sommeil.
Te rencontrer, c’avait été un peu comme une de mes promenades vénitiennes. Quand on s’engage dans une impasse, juste pour voir les sonnettes de laiton en forme de tête de lion. Et puis qu’on s’en revient le long du canal. Mais tu m’as ouvert la porte et tu m’as montré les fleurs de ton balcon. Quelques cactus aussi. J’aurais bien voulu ne pas te quitter, et je crois que tu n’en avais pas très envie non plus. Mais les horaires de train ont parfois quelque chose d’implacable. Pourquoi n’y a-t-il pas de wagons en plein ciel ?
Les frontières sont là pour être franchies. Moi je le sais.
Una notte a Napoli – Une nuit à Naples
Con la luna ed il mare – Avec la lune et la mer
Ho incontrato un angelo – J’ai rencontré un Ange
Che non poteva più volar – Qui ne pouvait plus voler
Una notte a Napoli – Une nuit à Naples
Delle stelle si scordò – On a oublié les étoiles
E anche senza ali – Et même sans ailes
In cielo mi portò (…) – Il m’a emmené au ciel (…)
[Pink Martini]
Una notte a napoli : en référence à Pink Martini ?
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