Dans l’après-midi, après le déjeuner, je me suis endormi, la tête au soleil. Un peu ébloui peut-être, mais qu’importe. Un brûlant soleil de février, je crois bien qu ça n’existe pas. Alors, autant profiter de chaque rayon de celui-ci. On établira plus tard sa réalité.
Et j’ai rêvé que j’étais allongé dans un transat, sur le pont rutilant d’un paquebot blanc. Au milieu de l’océan. Sans autre horizon que la rotondité de la Terre. Par temps clair. J’ignore où je faisais route, il y a des instants qui se suffisent à eux-même. Le cap devient soudain évident, comme l’aiguille qui se cale sur le Nord magnétique. Et n’en bouge plus.
Un léger changement de régime des moteurs m’a doucement réveillé dans mon fauteuil à dossier inclinable. L’océan était bien là, semé de nuages cotonneux. Dix-mille mètres plus bas. Par le hublot, j’apercevais le bout d’aile orné d’une croix blanche sur fond rouge. Pourtant je ne volais vers rien. A neuf cent kilomètres à l’heure, il y avait juste un continent qui se précipitait à ma rencontre. Un voyage qui m’avait choisi. Qui peut-être n’était pas vraiment le mien. Qui pourrait le devenir, qui sait. Une histoire en train de s’écrire, c’est certain.
Une histoire, parce que sans récit il n’y a plus rien. Plus même de soleil pour se lever.
Laisse-moi juste être ton avant-garde.