La lettre dans la boîte. Qui attendait. Une part d’ailleurs atterrie à la porte. Avec entre deux mondes le temps du voyage. Des mots en bleu sur le papier vert. Des lignes qui se relisent, légères. Le fil qui se perd.
Des phrases comme une musique. Juste pour dire le chemin du retour et les jours qui passent. Juste pour qu’on les écoute. Dans la tête. Juste pour l’encre de la plume, le timbre, l’enveloppe sous les doigts qui explorent les reliefs. Juste pour les yeux qui suivent les volutes scripturales. Et s’y perdent. Juste comme preuve de matérialité. Comme aveu de proximité.
Ensuite il y a la réponse dans la nuit. Le texte qui rend plus proche au fur et à mesure qu’il s’étend sur la feuille. Le mouvement de la main qui s’applique. Les signes qui se tracent doucement. Comme une caresse. Le temps qui se prend.
Et puis encore ce soir, le « floc » de l’enveloppe qui chute. Irréversible. Cette part de soi qu’on confie. Qu’on abandonne.
Juste avant qu’on s’endorme.
Et puis ce lendemain auquel on croit.